LECHANTIERc
Laissé à l’abandon, meurtri par l’histoire et tombé dans l’oubli, c’est en 2006 que le château est racheté par ses propriétaires actuels. Tombée amoureuse du lieu, la famille se lance corps et âme dans le sauvetage du monument. Et les besoins sont énormes. La toiture, en lauzes, pèse extrêmement lourd sur la charpente qui menace de s’effondrer. Une poutre de 40 centimètres de section a même cédé sous le poids. Les planchers sont à changer. Les aménagements modernes (électricité et chauffage) ont laissé de profondes cicatrices dans les structures du château. Les structures défensives ne sont pas en restes avec des dégradations importantes dû à la végétation qui profite d’un microclimat idéal pour se développer : une source alimente tout le site en eau et les vieilles pierres du château accumulent la chaleur pendant la journée pour la redistribuer lorsqu’il fait plus froid. Le château est ainsi envahi d’Ailante, un arbre pouvant ici pousser jusqu’à trois mètres par an.
A Salignac, on vous accueille toujours avec le sourire

Abandonnée depuis l’ouverture du grand portail en 1968, c’est par ici que se faisait l’accès au château depuis le village. C’est très probablement à cette emplacement que se trouvait le logis noble des Ferrières de Salignac. (A cette date Gérald Brinhiol, fils d’autre Gérald, et Raymonde, sa sceur, du château de Salignàc, reconnurent à Raymund (ou RaynaId) de Ferrières, damoiseau, fils d’antre Raymond, chevalier, défunt, nne maison dans l’enclos du château de Salignac, contiguë à la charrière publique dudit château et à la maison de Gérald Lymoges ‘.

Ancienne porte extérieur du château. Celle-ci se trouve à 4 mètre au dessus du sol. Il y avait donc en avant de cette porte un édifice permettant d’accéder à cette porte, malheureusement il n’y a plus aucune trace de celui-ci.

En 1912, lors des grands travaux entrepris par les nouveaux propriétaires de l’époque, le château est massivement remblayé. La porte est donc murée et se trouve actuellement 1 mètre sous terre à l’intérieur du château.

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La porte après son dégagement en 2023...
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...qui a permis entre autre de découvrir le blason situé juste au dessus

L’auditoire se situe à proximité immédiate de la porte d’accès du château. Bien qu’une partie du bâtiment était encore debout en 1910, ses élévations n’existent plus de nos jours. En effet, la façade extérieure s’étant effondrée en 1910, il fut décidé d’abattre le reste des murs. Il reste cependant un voire deux étages encore présents sous les remblais.

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L'auditoire après l'effondrement de 1911
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Vestiges du bâtiment

Cette construction constitue l’un des 5 logis nobles connus dans l’enceinte du château. Ils portent les noms d’hôtel des Ferrières, de la Brande et de la Roussie, de repaire de la Roque et celui du Pommier.

 A cette époque le seigneur d’une châtellenie n’occupait pas seul son castrum. Autour de lui, des repaires particuliers étaient habités par un certain nombre de familles (d’autant plus nombreuses que l’enceinte était plus étendue) chargées d’en assurer la garde. Chacune d’elles avait ainsi son secteur à défendre. Ces familles fournissaient les hommes de troupe et formaient la compagnie du seigneur quand il partait en guerre pour le service du roi ou de son suzerain. Nous trouvons dans le même terrier les noms de quelques-uns de ces chevaliers à Salignac. : les Ferrières, les Verneuil, les Saint-Geniès, les la Cassagne, les Gailhard, les Cromaritz, et bien d’autres encore dont nous ignorons les noms. 

En 2006, cette maison reste totalement inconnue. En effet, l’ensemble du bâtiment est remblayé jusqu’au dessus des ouvertures et ne laisse rien apparaître, que ce soit de l’intérieur ou de l’extérieur (du fait de la végétation). Une importante fissure étant présente dans un des murs de cette zone, des travaux de déblaiement ont été entrepris en 2010 afin de soulager la pression exercée par les remblais.

Environ 150 tonnes de remblais ont pour le moment été retirées et 300 tonnes restent à dégager.

Ces travaux ont permis la mise au jour partielle d’un bâtiment ayant subit pas moins de treize phases d’évolution, passant d’ouvrage de défense à zone résidentielle au gré des périodes de conflit ou d’accalmie.

Quatre canonnières, une fenêtre, une cheminée et un dallage ont pour le moment été retrouvés sous les remblais.

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Un important travail a été réalisé sur le donjon roman.

Plus ancienne construction du château datant du  XIème siècle, celui-ci a perdu son étage supérieur. En effet, au cours du XIXème siècle, le donjon avait été aménagé en habitation de fortune. L’étage supérieur a ainsi été arasé au niveau d’une voûte afin de créer un toit à double pente. 

Un conduit de cheminé, ouvert dans cette même voûte termina de l’abîmer Avec les années, la végétation fini par s’y installer et prendre racine, mettant grandement en péril la voûte. Une cinquantaine d’acacias ont été coupés et leurs souches retirées. Ce travail a permis de mettre hors d’eau l’édifice.

La poterne extérieure a été restaurée et une porte installée.

Enfin, le chemin de ronde a été dégagé, permettant de retrouver une partie du dallage et des parapets.

Accès au château depuis le donjon en 1911
Nettoyage de la courtine d'accès (2008)
Vue du donjon depuis l'intérieur du château (2006)
Le nettoyage continue (2009)
Vue de l'intérieur (2006)
Vue d'ensemble après le nettoyage de la courtine (2010)
Vue de l'intérieur (2006)
Remise en place de la porte (2019)
Mise en place d'une bâche après le nettoyage de la voûte (2016)
donjon xiii

Cette tour trouve ses fondements au XIIIe siècle, bien qu’elle ait été largement remaniée par la suite. Elle est directement liée au corps de logis. L’accès à chacun de ses niveau ne se fait qu’en passant par le corps de logis (sauf le rez-de-chaussée). 

A l’origine, une porte, ouverte à 3 mètres de hauteur permettait d’y accéder. La porte de plein pied n’a été ouverte qu’après 1912.

L’intérieur a malheureusement était largement remanié au XXe siècle : un grand escalier, une cuisine et une salle de bain, furent aménagés détruisant les niveaux de plancher d’origine et les peintures murales. 

Un important travail a donc été mené pour recréer les espaces conformément à leur aspect d’origine.

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Avant Après

Cette construction date de la fin du XVe siècle et avait pour but de venir renforcer la défense de la vallée et une des entrées du village. Le bastion comporte un escalier desservant 7 archères-canonnières.

La chapelle castrale Saint-Martial fut construite au sud-est du logis. Il en subsiste essentiellement le soubassement du chœur, formant une sorte de porche fondé sur la terrasse basse, dont les trois côtés étaient ouverts à l’origine. L’élévation du mur latéral du chœur a été conservée avec ses deux arcades aveugles, étant incorporée au mur de la tour d’escalier datant du dernier tiers du XVe siècle.

Cette chapelle date de la fin du XIIe siècle ou du tout début du XIIIe siècle. Elle se trouvait immédiatement attenante à la tour Saint Martial, considérée comme l’une des tours maîtresses du château. Elle contenait probablement les archives du château.

Un texte du XVIIe siècle décrivait ainsi la chapelle :« joignant laquelle et un peu plus bas il y a une des plus belles chapelles qu’il y ayt entre château de Guienne »

La chapelle semble n’avoir jamais été rétablie par la suite. Les remaniements réalisés en plusieurs étapes après cette mutilation, entre le XVIIe et le XIXe siècle, ont conservé les arrachements du chœur de la chapelle. En revanche, les vestiges de la Tour St Martial et de la chapelle ont été abaissés afin d’élargir la cour haute. L’espace ainsi libéré laisse la place pour une terrasse d’agrément largement ouverte vers l’est, offrant une vue dégagée sur le paysage.

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Tour Saint Martial
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Le corps de logis concentre les principaux travaux à l’heure actuelle.

Après une histoire mouvementée, le château est partiellement à l’abandon en 1911. Il abrite quelques pauvres villageois qui y préparent les cerneaux de noix pour l’exportation. Le gardien du château nous le décrit ainsi à cette époque :

« Oui, le château est terriblement vieux. Le toit laisse passer la pluie, et quand il sera écroulé … les murs ont beau être solides … que voulez-vous ? Les soirs d’orage, lui-même il a peur… Il redoute de sortir… Car les vieux platanes, tordus par le vent, se courbent sur la muraille qu’ils raclent, détachent les pierres … et les précipitent sur le sol … Vous pensez … d’une telle hauteur… . Au dernier orage, il venait de rentrer et se mettait au lit, quand il a entendu le bruit de tout un bloc qui tombait devant sa porte…. »

En 1912, le château est racheté par les Salignac-Fénelon qui entreprennent de le restaurer afin d’en faire un lieu de villégiature pour leurs vacances.

Le château est ainsi profondément remanié : la toiture est transformée. Le bâtiment, à l’origine composé de deux travées indépendantes. Le tout a été unifié sous une même toiture, adaptée tant bien que mal à l’existant, et aboutissant à la construction d’une charpente mal adaptée pour supporter une toiture en lauzes de près de 500 tonnes.

Après le rachat en 2006, le plus urgent est donc entrepris : la réfection de cette toiture qui n’est plus en mesure de supporter la charge de lauze.

Le château est alors découvert sur une première portion, les arases de murs sont refaites et retrouvent leur hauteur et la charpente est entièrement refaite.

L’intérieur n’est pas en reste. Les grands travaux du début du XXe siècle ont largement endommagé le château avec l’installation de nouveaux planchers, de l’électricité et du chauffage central. Les espaces intérieurs sont remaniés à grand renfort de béton, de plâtre et de sapin (pour les solives) afin de créer de nouveaux espaces de vie.

A présent, une seule solution : tout retirer et restaurer les pièces conformément à leur état originel.