Fondé sur un éperon rocheux occupé dès la préhistoire notamment au niveau de ses grottes (actuellement enfouies), La châtellenie de Salignac est mentionnée pour la première fois vers 1040 dans les chroniques de l'abbaye Sainte Foy de Conques.
C’est à partir du XIe et début XIIe siècle que les premières constructions en pierres apparaissent.
Au cours du XIIIe siècle, le château devient une coseigneurie, chaque seigneur possédant une partie des fortifications et tenu de défendre cette zone. La présence de deux donjons, reliés entre eux par une courtine mais ne possédant pas de porte de communication, vient confirmer ceci.
Durant tout le XIIIe et XIVe siècle, le château continue de s’étendre et accueillir de nouveaux coseigneurs. On en comptera jusqu'à 10 (4 Salignac et 10 autres seigneurs). Les fortifications viennent ceinturer le rocher et améliorer la défense des accès au château.
Les Salignac continuent à prendre de l’importance au cours des siècles. Raymond de Salignac devient sénéchal du Périgord et du Quercy dans les années 1450. En 1460 à son décès, son fils, Antoine de Salignac, qui deviendra lui-même sénéchal du Périgord en 1470, principal lieutenant du comte de Périgord d’Albret, conseiller et chambellan de Charles VIII, devient le seigneur dominant de la place forte. Il sera le premier Salignac à arborer le titre de baron. Le château ayant subi de nombreux dommages durant la guerre de 100 ans, Antoine de Salignac entreprend de grands travaux pour restaurer le château et y apporter des aménagements à la hauteur de son statut, les derniers que le site va connaître. Un vaste corps de logis voit le jour dans les années 1470. Une tour escalier vient unifier cette nouvelle construction à la Tour Saint Martial, sa chapelle et son grand porche, en desservant l’ensemble des bâtiments. Ces grands travaux permettent la création de deux amples salles d’apparats et de la grande façade avec ses fenêtres à accolades, traitée avec le plus grand soin, qui est encore visible aujourd’hui.
Après la mort d’Antoine de Salignac en 1498, le château fut transmis à son fils, Bertrand de Salignac, qui n’eut que des filles. Armant de Gontaut, succède ainsi en 1545 aux Salignac en épousant une des filles de Bertrand, Jeanne de Salignac, qui apporte en dot la châtellenie de Salignac. Sa fortune n’étant pas considérable, il fut obligé de vendre ses biens patrimoniaux pour conserver le château de Salignac.
La tour Saint Martial, un des donjons du château et tour maitresse, s'effondre. Elle emporte avec elle une partie de la chapelle castrale. Aucun des deux ne sera jamais reconstruits.
Sans entretien, les bâtiments vont peu à peu s’effondrer, certains, dont le corps de garde, étaient encore debout en 1910. Le château fini par être aménagé à grand frais dans les années 1920 avec l’arasement des ruines au niveau du premier étage et le remblaiement massif du château pour créer les trois niveaux de terrasse actuels.
Lucien de Maleville
Le site de Salignac a été protégé une première fois en 1944, suite au recrutement massif pendant la guerre d’inspecteurs pour la mise en œuvre de la loi de 1930 visant à protéger les sites remarquables de France.
L’inspecteur de Maleville, artiste peintre, est l’un d’entre eux. Il avait une prédilection pour la nature et les paysages de campagne qu’il appréciait particulièrement de son point de vue de peintre. On retrouve dans les sites protégés, qu’il souhaite immortaliser ainsi à jamais, la poésie de ses tableaux.
Il sera l’éveilleur des sites culturels et des paysages de la Dordogne. Son talent d’artiste peintre apportera à l’Administration son sens de l’observation et sa perception des espaces à protéger. Entre 1942 et 1963, Lucien de Maleville recensera environ 80 sites. 53 seront retenus par l’Administration.
Le site de Salignac, comprenant tout le bas village et le château, est ainsi une première fois reconnu et inscrit comme site remarquable à protéger en février 1944.
Dans le premier arrêté, le vallon qui s’étendait au pied du château vers l’est n’était pas protégé. En 1965, afin de préserver la vue que l’on a sur le château et le vieux village à partir de la route qui surplombe le site, l’extension du site inscrit est réalisée.
Protégé par 2 arrêtés successifs, le château, qui jusqu’alors n’était considéré que comme un tout avec le village et la vallée, se voit inscrire sur la liste supplémentaire des monuments historique le 23 mai 1969, parachevant ainsi la protection d’un des sites remarquables du Périgord noir.
Exemple parfait du village médiéval blotti derrière son château, malgré les différentes protections existantes, le site est malheureusement en danger.
Depuis 2006, les propriétaires s'attèlent à sauver le château de Salignac de la ruine, mais se battent aussi chaque jour pour la préservation de cet ensemble historique et culturel, précieux témoignage médiéval de la vie des hommes à cette époque.
Ce patrimoine appartient à tout le monde et l'on se doit de le préserver et le transmettre aux générations futures.
Après plus de 30 ans de fermeture au public, le château rouvre ses portes.